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Le choix musical de RFI

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By: RFI
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Du lundi au vendredi, chaque matin, un journaliste vous parle des artistes qui font l’actualité des musiques de l’espace francophone, de l’Afrique et de ses diasporas. Vous pourrez y entendre plus largement des musiques du monde et du Sud, des musiques actuelles et urbaines qui sont au cœur de l’identité de RFI.

Diffusion 8h50, heure de Paris, 7h50 TU.

France Médias Monde
Music
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  • «Open Up Your Senses»: Tyreek McDole s'impose déjà comme un grand du jazz vocal
    Jul 7 2025

    C'était un premier album très attendu, Open Up Your Senses, du chanteur haïtiano-américain Tyreek McDole. À seulement 25 ans, ce jeune prodige du jazz à la voix grave et envoûtante signe un opus d'une grande maturité. Entre hommage aux standards de jazz et recherche d'une certaine singularité, Open Up Your Senses s'impose comme un premier disque très réussi.

    À 25 ans, Tyreek McDole impose déjà une présence vocale et artistique remarquable sur la scène jazz internationale. Le jeune chanteur haïtiano-américain dévoile Open Up Your Senses, un tout premier album à la fois intime, puissant et empreint de spiritualité. Avec un titre évocateur : « Ouvrez vos sens » en français, une invitation à l’éveil et à la reconnexion.

    Né en 2000, Tyreek McDole découvre le jazz à neuf ans grâce au film d’animation La Princesse et la Grenouille. L’action se déroule dans la Nouvelle-Orléans des années 1920, berceau du jazz et des métissages culturels afro-caribéens et américains. Une révélation pour l’enfant qu’il était, touché autant par la musique que par la représentation : pour la première fois, il voit une princesse qui ressemble à ses sœurs, dans un univers qui valorise la culture noire.

    Aujourd’hui, avec ce premier disque, il prend la parole en héritier conscient : « Quand il s’agit de cette musique et de l’héritage qu’elle porte, je me tiens sur les épaules de toutes les personnes qui ont rendu cela possible. C’est de la musique noire américaine : beaucoup de douleur et de souffrance ont dû avoir lieu pour que nous soyons là aujourd’hui. Mais en même temps, il y avait de la joie, de la liberté. Il faut humaniser les musiciens de jazz, et inviter les auditeurs à se libérer, à se reconnecter. À ouvrir leurs sens, justement. »

    Une voix qui mêle profondeur et lumière

    Avec sa voix de baryton chaude et enveloppante, rappelant celle de Gregory Porter, Tyreek McDole explore un jazz aux multiples facettes : tantôt introspectif, tantôt exalté. Il revisite avec grâce des standards portés par des légendes comme Ella Fitzgerald, Louis Armstrong, Count Basie, ou encore Thelonious Monk, leur insufflant une vie nouvelle sans jamais les trahir.

    Parmi les moments forts, on retrouve des titres plus rythmés dans l’esprit du bebop, comme « The Umbrella Man », où l’on sent toute la maîtrise vocale du chanteur. Mais l’album trouve aussi son équilibre dans des morceaux plus doux, où l’émotion affleure à chaque note. « Beaucoup des morceaux que j’ai choisis ne sont pas assez joués aujourd’hui. On est trop concentrés sur les soi-disant "grands standards américains". Mais Dizzy Gillespie, Pharoah Sanders, Nicholas Payton… Tous ces artistes méritent plus d’attention. Je crois qu’il faut revenir aux racines, à la mission première de cette musique », estime le chanteur.

    L’âme d’Haïti dans le cœur du jazz

    Impossible d’ignorer l’ancrage caribéen qui traverse l’album. Tyreek McDole rend un hommage sincère à Haïti, terre de sa mère, à travers notamment « Wongolo Wale », un chant traditionnel revisité avec une grande finesse. « Enfant, j’étais gêné par mes origines haïtiennes. J’ai grandi dans une ville majoritairement blanche, où les gens ne comprenaient pas mon vécu. Ils ne voyaient d’Haïti que la misère montrée à la télé. Mais quand tu vas sur place, tu découvres aussi la beauté, la culture, la fierté. Ce morceau, c’est une façon de réconcilier tout ça. »

    Open Up Your Senses est un disque d’une maturité impressionnante. Aussi soigné dans son interprétation que dans sa production, il révèle un artiste déjà très sûr de sa direction artistique. Tyreek McDole s’impose avec douceur, mais détermination comme une voix montante du jazz contemporain, entre fidélité aux racines et regard résolument tourné vers l’avenir.

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    7 mins
  • Oasis entame une tournée mondiale empreinte de nostalgie
    Jul 4 2025

    Ce soir à Cardiff, au Pays de Galles, c'est le grand soir. Celui attendu par des centaines de milliers de fans de pop rock : la reformation d'Oasis. Le groupe britannique, qui avait annoncé une rupture fracassante en 2009, entame une tournée mondiale qui passera par Londres, l'Écosse et l'Irlande, les États-Unis et l'Amérique du Sud. Le groupe a écoulé plus de 900 000 billets qui se sont arrachés à prix d'or, du fait d'une tarification dynamique et de diverses escroqueries sur internet.

    L'engouement pour Oasis est planétaire et transgénérationnel. Sans doute bien évidemment les refrains accrocheurs de titres bien écrits expliquent ce succès non démenti d'Oasis. Il y a sans doute aussi de la part des fans, que ce soit les quinquagénaires dont les tubes ont marqué la jeunesse ou leurs enfants, la nostalgie pour ces années, celles qui ont suivi la chute du mur de Berlin, où l'on parlait de fin de l'Histoire, une période optimiste.

    C'est aussi la success story des frères Gallagher. Liam au chant, son aîné Noël à la guitare et à la composition. Deux enfants de la classe ouvrière connaissant un succès international dès leur premier album en 1994. Ils s'inscrivent la lignée de Beatles. D'ailleurs, la pochette de leur troisième single « Live Forever » figure la maison d'enfance de John Lennon. Et sur ce titre, Liam chante qu'il ne veut pas mourir, « I don't wanna die », sorte d'antidote à la noirceur grunge de Kurt Cobain à la même époque.

    Oasismania

    Leur deuxième album (What's The Story) Morning Glory ? parait en octobre 1995 et c'est un raz de marée : il s'écoule à plus de 22 millions d'exemplaires dans le monde. On parle de renouveau de la pop rock britannique, l'Oasismania culmine en 95-96. Et cet album comprend de nombreux tubes du groupe comme « Don't Look Back In Anger ». Liam cède le micro à Noël qui prouve qu'il n'est pas qu'un excellent mélodiste.

    Ce morceau devient une espèce d'hymne national, repris en chœur par la foule lors d'un concert pop à Manchester en 2017 pour un hommage à 22 personnes tuées dans un attentat. La Garde républicaine française l'a aussi interprété au Stade de France avant un match France-Angleterre.

    « Don't Look Back In Anger »

    « Ne te retourne pas avec colère sur le passé », c'est finalement ce que font aussi les membres d'Oasis avec cette reformation. Les frères Noël et Liam Gallagher, ce sont un peu les Abel et Caïn du rock. Après d'autres albums, de nombreux excès, alcool et drogues, et moult disputes, ils s’étaient finalement séparés en 2009 dans les coulisses de Rock en Seine à la suite d'une violente bagarre. Après 16 ans de brouille, c'est leur mère, Peggy, qui est, dit-on, à l'origine de leur réconciliation. Et leurs retrouvailles ont du bon, pour eux, puisque la tournée mondiale devrait rapporter plus d'un milliard de livres en retombées économiques.

    À lire aussiBritpop: le groupe Oasis se reforme pour une tournée mondiale en 2025

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    7 mins
  • Au sommet du chant corse: I Muvrini en ascension vers leur «Nulu 33»
    Jul 3 2025

    Le groupe corse I Muvrini présente son nouvel album intitulé Nulu 33, « Nuage 33 » en français. Un dialogue entre chants polyphoniques et sonorités méditerranéennes, qui entremêle le blues corse, le fado portugais, et même des chœurs d'enfants. Un 28e disque qui dégage un besoin vital de chant, de lien et de poésie dans un monde en quête de lumière.

    La pochette de ce nouvel album est déjà une invitation au voyage. On y découvre une grande échelle posée sur la planète Terre, qui s’élève doucement jusqu’aux nuages. Cette échelle, formée de lettres et de mots, reprend les titres des onze chansons de cet opus. Une métaphore pour s’élever, grâce à la musique, vers ce qui nous dépasse. Marche après marche, on atteint ce « Nuage 33 », leur nouvelle adresse.

    « Pour nous, c’est une façon de prendre un peu de distance dans cette 'ciélitude' face à la cacophonie du monde, au narratif quotidien de Trump, de Poutine et de tant d’autres. Prendre de la hauteur, regarder autrement, mieux comprendre ce monde et parfois rêver de le transformer un peu » explique Jean-François Bernardini, chanteur et compositeur au sein d'I Muvrini.

    « Les nuages ne sont pas un thème anodin : ils représentent le plus grand bien commun. Nous les appelons les 'trains de l’eau' — le seul moyen d’apporter de l’eau sur cette planète. Aujourd’hui, les scientifiques parlent même d’une guerre des nuages. À qui appartiennent les nuages ? Certains pays accusent d’autres de leur 'voler' la pluie. Par exemple, l'Iran a fait ça avec Israël, la Chine a interrompu la pluie lors des Jeux Olympiques de 2008... Nous sommes donc déjà dans un contexte où l’être humain commence à coloniser le ciel. »

    Pour améliorer le monde, les membres d'I Muvrini choisissent aussi de célébrer la richesse des cultures musicales, en les mêlant avec finesse. Porté par l’union de leurs voix corses, cet album fait résonner leur héritage en écho aux rivages de toute la Méditerranée. Le blues corse dialogue avec les guitares portugaises, tandis que des voix d’enfants chantent en chœur les refrains. Les collaborations se multiplient : la voix mélancolique du chanteur ivoirien César Anot s’allie au fado portugais, tandis que la soprano Kelly Pokens sublime le titre « Tu quieres volver ».

    Entre joie et mélancolie, un hymne à la poésie

    Au sommet de leur nuage, les membres d’I Muvrini témoignent d’un besoin vital de chant, de lien et de poésie, avec des mélodies soignées et variées. D’un morceau à l’autre, on oscille entre joie et tristesse, entre lignes de cordes mélancoliques et envolées presque pop, le tout enveloppé dans une poésie délicate. I Muvrini nous invitent à partager leur univers, de la Corse à l’Europe, et bien au-delà, portés par l’histoire et la force de leur île.

    Jean-François Bernardini raconte : « Nous venons de Corse, où notre langue a été méprisée, interdite, enfermée dans une prison culturelle. Aujourd’hui, cette musique dépasse ces frontières, et nous jouons dans quasiment tous les pays européens. En Belgique, en Suisse ou ailleurs, les gens nous disent : 'on a besoin de vous'. La Corse, c’est une petite Amazonie en Méditerranée, souvent réduite à une image caricaturale de gendarmes et de voleurs. Ce récit-là nous révolte, alors nous choisissons de raconter une autre histoire. »

    Une symphonie optimiste et universelle

    Les artistes affirment se laisser guider par le sensible, convaincus que la force d’un artiste réside dans sa capacité à se laisser toucher par les sons et les vibrations. L'une des chansons puise son inspiration dans les cahiers de doléances français, avec la lettre au président d’une mère inquiète pour l’avenir de ses enfants. Une autre évoque la fragilité des destins humains et ce besoin fondamental des autres.

    Nulu 33 est un album optimiste, dans un monde en quête de lumière. Une symphonie sans frontières, où la poésie règne en maîtresse.

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    6 mins
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