Lu. Podcast By Oriane Bismuth - Lucky Link cover art

Lu.

Lu.

By: Oriane Bismuth - Lucky Link
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Un podcast où la poésie se mêle de la santé. Et s'il existait un autre langage pour parler de santé ? Lu. est un podcast né d'une rencontre : Les textes du Dr. Lucien Lahmi, médecin cancérologue et poète, dont la plume singulière tendres ou dérangeante résonnent déjà auprès d'un large public. Et l'élan d'Oriane Bismuth, stratégiste en santé publique et fondatrice de Lucky Link, qui, à la lecture de ces textes, trouva le moyen de réintroduire de la beauté dans nos discours de santé. Le concept À chaque épisode, une personnalité du monde de la santé est invitée à réagir à un texte de Lucien. Cet été 5 hommes de santé se prête au jeu de Lu. : Alexandre Berkesse, Vincent Dumez, Guillaume Rousson, Nicolas Naïditch et Lucien Lahmi lui-même. Mais Lu. n'est pas seulement un podcast : C'est un univers sonore et visuel, peuplé de personnages oniriques, d'échos musicaux et de touches d'intelligence artificielle. Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.Oriane Bismuth
Episodes
  • 2. La beauté. de Lu. (chanté)
    Jul 9 2025

    Découvrez l'univers Lu.
    Une parenthèse sonore et visuelle où la poésie se mêle de la santé.

    www.luckylink.lu



    Je suis saisi par la beauté de mon métier.


    Vous me direz : Peut-on vraiment parler de beauté face à la maladie ?


    Je m'explique.

    Hier, dans l'intimité de mon bureau, un patient m'a parlé de l'accident.

    Celui qui, il y a quarante ans, a emporté sa fille. Sa voix était calme, posée presque. Mais derrière chaque mot, il y avait ce tremblement témoin du fardeau qui ne l'avait jamais quitté.
    Malgré la douleur, il y avait une beauté fragile dans ses mots.

    Celle d'un souvenir confié avec pudeur.

    /

    Une peine qui, l'espace d'un instant, semblait s'alléger.

    /

    Aujourd'hui encore, il y aura ces discussions porteuses de sens. Sur la vie, sur la famille. Sur des deuils ou des naissances. Ce métier que l’on ne peut plus faire ou ces lieux qui ont disparu.

    Ces souvenirs que l'on garde précieusement, ces détails infimes qui donnent un sens aux histoires. Tous ces moments qui se croisent, qui se répondent.

    Il y aura ces poignées de mains qui m’ont tant manqué en période d’épidémie, ces regards, ces silences qui disent tout. Il y aura ces corps qui parlent avant l'esprit.

    /

    Je suis saisi par ce que je vis au quotidien. Des vies croisées, parfois abîmées par le chemin. J'arrive pour en prolonger les lignes. Sachant que tout n'est pas entre mes mains.

    Mais il y a une beauté certaine dans la relation médecin-patient. Ces deux inconnus qui, cinq minutes plus tôt, ne se connaissaient pas, et qui œuvrent ensemble.

    Pour une vie longue, pleine. Une vie que les malheurs chatouillent, mais n'arrêtent pas.

    Être médecin, c'était un vœu fort, un rêve concret. Aujourd'hui, alors qu'on dit nos sociétés brisées, égoïstes, en perte de sens, je vois des personnes fortes et authentiques. Des équipes solidaires et bienveillantes. Des patients pleins d'espoir, qui remplissent leurs jours de joie plutôt que d'amertume.

    Je suis reconnaissant à cette France qui me permet de soigner sans condition de ressource ou de naissance. Qui m'a formé sans rien me demander, sinon d'être exigeant et investi.

    Je suis chanceux de faire ce métier qui a autant de sens que de beauté.


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    4 mins
  • 3. La consultation de Lu. (chanté)
    Jul 9 2025

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    Parfois, en fin de journée, je me retrouve fatigué après une longue série de consultations.


    Les heures s'étirent, les visages se succèdent, chacun apportant son lot de préoccupations.

    En tant que médecin, il est facile de se laisser happer par cette routine, de sombrer dans une mécanique bien huilée mais parfois déshumanisante.

    Pourtant, il y a une réalité à laquelle je m'accroche : pour chaque patient qui entre dans ma consultation, ce moment est unique.

    Ils n’ont pas à savoir que je suis fatigué, ni ressentir ma langue engourdie, ni recevoir des informations moins claires ou moins détaillées.

    Souvent, c’est leur seule consultation de la journée, peut-être même de la semaine ou du mois.

    Aussi, en oncologie radiothérapie, les patients viennent souvent avec l’angoisse du face-à-face avec la machine et la crainte de l’inconnu d’un traitement qui porte dans son nom un lot de représentations.

    C'est un instant qu'ils ont anticipé, redouté ou espéré.

    La veille, ils ont peut-être mal dormi en pensant à cette consultation ou au contraire ont-ils beaucoup d’attentes envers le traitement.


    Je repense souvent à "La Chambre des officiers" de Marc Dugain, où chaque personnage, même le plus secondaire, est traité avec une profondeur et une richesse qui lui confèrent une existence propre.

    De la même manière, chaque patient que je rencontre mérite cette attention, ce respect, cette écoute.

    Considérer chaque histoire, chaque espoir, chaque réticence.

    Ainsi, même lorsque la fatigue se fait sentir, avant d’ouvrir la porte vers le prochain patient, je me rappelle que c'est un moment important.

    Et c'est cette conscience qui me donne la force de réhabiliter ma parole, de rebâtir un sourire et de me comporter comme avec le premier patient.

    Il n’y a que des premières consultations.


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    3 mins
  • 5. La douleur de Lu. (chanté)
    Jul 9 2025

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    Personne ne joue la comédie quand il a mal.
    Personne ne simule la fatigue.
    Personne ne feint la tristesse, l’anxiété ou la dépression.

    Et pourtant, combien de fois ai-je entendu, pendant une garde ou une visite, que cette personne n’avait pas « vraiment mal ».

    On parlait de son origine, comme si ça expliquait tout.

    On disait que ces gens-là ressentent la douleur autrement.

    Mais non. La douleur, c’est celle qu’ils ressentent, pas celle qu’on imagine à leur place.

    On dit souvent à ceux qui s’effondrent de fatigue de se reprendre. « Ça ira mieux, ressaisis-toi ».

    Mais face à certaines maladies comme un cancer avancé, la fatigue n’est pas un caprice. Chaque geste coûte. Se lever, parler, même respirer peut devenir une épreuve.


    Alors, qu’est-ce qu’on peut dire ? Tout sauf culpabiliser. Accompagner, écouter, être là quand chaque mouvement épuise plus qu’il ne réconforte.

    Et puis, il y a l’anxieux. Celui dont on dit qu’il « en fait trop », qu’il complique tout. On oublie que lui non plus n’a pas choisi. Qui voudrait de ces vagues d’angoisse qui étranglent, qui montent à la gorge, sans prévenir, sans raison ? Si c’était aussi simple, il aurait déjà fait disparaître cette boule qui l’étouffe.

    Enfin, il y a celui qui est tombé dans le trou, celui qui est déprimé. Que ce soit l’ami ou le patient à qui on répète qu’il faut relativiser. Qu’il suffit de regarder autour, que tout ira mieux. Mais il est là, dans cette fosse où aucune lumière ne l’atteint, où même les mots qui se veulent réconfortants deviennent des reproches silencieux.

    Regarde à gauche, à droite, tout va bien, mais lui, il ne peut pas. Tout ce qui est proche est inaccessible. Lui dire de « penser positif » ne fait que renforcer cette certitude : il est incapable d'attraper ce qui est pourtant si près.

    Personne ne choisit ça.

    Personne ne souhaite avoir mal, être épuisé ou triste. Personne ne désire vivre dans l’ombre, l’anxiété, ou la dépression. On voudrait tous que la douleur s’efface, que la fatigue disparaisse, que ce voile se lève enfin.

    Alors, que faire ?

    Écouter. Prendre le temps. Prendre la main. Soigner. Aider, sans relâche, même quand tout semble figé.

    Chercher ce qui peut soulager, ce qui peut rendre un peu de dignité, un peu de force.

    Et avec eux, continuer à avancer, pas après pas, jusqu’à ce que l’éclaircie ne soit plus un rêve lointain, mais une réalité que l’on aura contribué à créer.


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    2 mins
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