
Odile Renaud-Basso: «C’est notre rôle de prendre des risques en Ukraine et Cisjordanie»
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Cette semaine, nous recevons Odile Renaud-Basso, présidente de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). L’institution bancaire a investi plus de 16 milliards en 2024, une année record.
7 milliards pour reconstruire l’UkraineLa BERD est le principal investisseur institutionnel en Ukraine avec plus de 7 milliards prêtés depuis l’invasion du pays. « La France nous a apporté des garanties importantes pour nos activités en Ukraine qui permettent de réduire le risque pour la banque en tant que telle », explique-t-elle, « mais ça fait aussi partie d'un des mandats d'une banque publique de développement de soutenir des pays et le secteur privé dans des situations particulièrement difficiles ». Ces investissements « visent vraiment à financer l'économie réelle » et notamment le secteur de l’énergie où 2,5 milliards ont été investis. Ils contribuent également à l’effort de reconstruction des infrastructures détruites par les bombardements russes et au transport ferroviaire « parce que la logistique et le fonctionnement des chemins de fer est extrêmement important dans un pays en guerre ».
En février 2025, une frappe russe a endommagé la structure enveloppant le réacteur accidenté de Tchernobyl, où se trouvent des débris radioactifs. Sa construction avait coûté plus d’un milliard et demi d’euros et avait été financé par la BERD et la communauté internationale. Les réparations du site sont estimées à plusieurs dizaines, voire centaines de millions d’euros. « L'attaque du drone pose des questions de sécurité à long terme », alerte Odile Renaud-Basso, « avec des risques d'infiltration d'eau qui peuvent qui peuvent porter atteinte à la sécurisation de l'infrastructure ». La BERD est « très reconnaissante » à la France d’avoir apporté en mai une première aide de 10 millions d’euros pour « pouvoir commencer à prendre des mesures immédiates de court terme ». Odile Renaud-Basso prévient cependant que « ça va être un projet de longue haleine et on va avoir besoin de financements additionnels (…) Ça reste un sujet de préoccupation pour nous, de même que, d'une façon générale, la sécurité des infrastructures nucléaires en Ukraine, pour lequel on a apporté des financements importants dans le passé », souligne-t-elle.
L’avenir est en Afrique…
Depuis la création de la BERD, la banque a élargi ses activités à l’Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Ainsi, elle finance des projets en Cisjordanie « pour soutenir le secteur privé et l'activité des opérateurs économiques ». Elle estime que « ça fait partie de notre mission » de prendre des risques. « Évidemment, on mesure toujours le risque », ajoute-t-elle, mais « on bénéficie parfois de garanties », notamment de l'Union européenne ou des actionnaires bilatéraux de la BERD, pour continuer à travailler « dans des situations particulièrement difficiles ».
En Afrique subsaharienne, où la BERD lance ses activités cette année, Odile Renaud-Basso insiste sur l’importance du secteur privé dans les stratégies de développement. Si le renforcement du secteur privé faisait partie du mandat historique de la BERD, elle constate que le succès de cette stratégie fait des émules et qu’« on voit, aujourd'hui de plus en plus de banques multilatérales d'ailleurs se tourner vers ce modèle et mesurer l'importance du secteur privé ». Selon elle, « compte tenu des enjeux démographiques, compte tenu du besoin de croissance économique et du besoin de transition économique, le rôle du secteur privé va être absolument essentiel ».