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Lignes de défense

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By: RFI
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Dans un système globalisé, où les menaces prennent des formes de plus en plus variées, la chronique de Franck Alexandre vous plonge chaque semaine, au cœur des enjeux et des problématiques de défense et de sécurité du XXIème siècle. Les acteurs d’un monde militaire en mutation et les meilleurs observateurs des questions de Défense répondent à Franck Alexandre tous les dimanches matins dans sa chronique.

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  • «One Way Effector»: MBDA lance son drone «Shahed» à bas coût
    Jul 6 2025
    Les drones Shahed se sont imposés en Ukraine tout comme lors de la guerre des douze jours qui vient d'opposer L'Iran à Israël. Ces drones qui ont la capacité de saturer les défenses sol-air sont devenus incontournables. Les Shahed produits par l'Iran inspirent désormais les industriels occidentaux à commencer par le missilier français MBDA. Plus proche d'un missile à bas coût que d'une munition téléopérée, le One Way Effector de MBDA n'est pas un drone classique. Il a l'apparence du Shahed 136 iranien mais il ne peut pas être classé dans la même catégorie, précise Hugo Coqueret ingénieur de ce programme chez MBDA, « C'est une munition qui se veut une munition d'artillerie, qui a la forme d'une aile volante qui fait environ 3 mètres d'envergure sur 3 mètres de longueur, qui permettra d'emmener une charge militaire d'une quarantaine de kilos à des portées d'environ 500 km. Elle sera utilisée depuis le sol pour aller frapper des cibles au sol. Elle sera tirée depuis une rampe ou depuis un Shelter, un véhicule intégré. C'est une munition qui a été pensée dès le début pour être peu onéreuse et de ce fait adapté à la haute intensité, au nécessaire retour à la masse dans les forces armées. On a vu à la lumière des différents conflits en Ukraine, au Moyen-Orient, qu'il y avait une pénurie dans les munitions longues portées et c'est ce que le One Way Effector cherche à résoudre pour envisager des capacités de production jusqu'à 1000 munitions par mois ». À lire aussiUkraine: les drones prennent l'ascendant sur les autres armements Le drone doit permettre aux missiles de croisières de passer au travers des défenses antiaériennes Au début de la guerre de 12 jours, le 13 juin dernier, les raids de missiles balistiques iraniens sur Israël étaient accompagnés d'une nuée de drones Shahed. Malgré un système de défense très efficace, la seule présence des Shahed permettait à une dizaine de missiles balistiques iraniens de passer à travers les mailles du filet. Le drone de MBDA vole très vite, 400 km/h, bien plus vite qu'un Shahed, il sera donc confondu avec un missile par les défenses antiaériennes, souligne l'ingénieur de MBDA: « Le fait que cette munition soit engagée par la DCA ennemie révélera la position de ces batteries sol-air adverses pour permettre leur destruction. Il y a aussi un autre effet: puisque le One Way Effector est une arme d'usure, d'attrition qui va épuiser la défense ennemie, il aura vraiment une mission complémentaire, de véritables synergies avec ce qu'on appelle les armes de décision à haute valeur ajoutée, avec beaucoup de technologies qui seront capables de passer par tout temps en toutes conditions pour aller frapper leur cible. Le One Way Effector est là pour créer l'usure dans la défense ennemie et faciliter le passage d'un missile de croisière ». MBDA s'associe avec l'industrie automobile Le combo: missiles de précisions et drones à bas coûts s'est imposé dans les doctrines militaires. L'ambition du missilier français est donc d'être capable de produire ce système d'armes, en masse, rapidement et en France. « On est parti d'une feuille blanche en décembre 2024 » affirme Hugo Coqueret, « Aujourd'hui on a un démonstrateur qui est en cours de préparation. En l'espace de 10 mois, on sera passé de la feuille blanche, à l'ingénierie puis aux travaux de démonstration. Un calendrier extrêmement compressé et qui nous permettra même d'envisager les premières séries de production de cette munition à l'horizon 2027. C'est un système qui est pensé pour un besoin français, mais avec une capacité d'évolution future très élevée et qui pourra tout à fait être adapté pour des pays exports plus tard ». Le coût unitaire de ce drone n'est pas encore connu, mais il sera plus proche du prix d'un drone Shahed soit 50 000 dollars que de celui d'un missile de croisière qui peut dépasser un million de dollars. Il devrait être produit par un industriel de l'automobile habitué aux grandes séries et dont le nom, à ce jour, n'a pas été révélé. À lire aussiPeer de Jong: «Le drone aujourd'hui trouve toute sa place pour les pays qui sont en tension»
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  • B-2 «Spirit», le bombardier furtif américain nimbé de mystère
    Jun 29 2025
    Le raid aérien américain « Midnight hammer », les 21 et 22 juin dernier a frappé trois sites nucléaires en Iran, Natanz, Ispahan et Fordo. Si l’étendue des dégâts n’a pas été encore complétement établie, la manœuvre a mis en exergue la puissance aérienne des États-Unis, dont le bras armé fut les bombardiers B-2 Spirit. Des bombardiers furtifs encore nimbés de mystère. 21 juin, 6h01 du matin, sept bombardiers B-2 Spirit quittent la base de Whiteman dans le Missouri, pour un vol transatlantique. Signe qu’ils décollent à pleine charge, ils ravitaillent aussitôt. L’escadrille de Northrop Spirit se dilue dans les hautes altitudes à environ 15 000 mètres, et survole le Maghreb, sans qu’aucun pays ne décèle leur présence. 23 heures, après 17 heures de vol ils font la jonction avec le Centcom de la base américaine d’Al-Udeid au Qatar. Minuit les bombardiers entrent dans l’espace aérien iranien, prêts à lâcher les GBU-57, des bombes de plus de 13 tonnes. « C'est pour ces différentes raisons que c'est cet appareil qui a été utilisé pour pouvoir frapper dans la profondeur iranienne sans se faire détecter et larguer ces bombes qui sont uniques au monde, qui sont absolument gigantesques parce que tout simplement aucun autre appareil n'aurait été capable de les délivrer et d'arriver si loin dans la profondeur iranienne sans être détectée. Même si aujourd'hui il faut être clair, Israël avait quand même préparé le terrain en détruisant notamment tous les radars utilisés par l'Iran », explique Xavier Tytelman expert aéronautique Vingt minutes de frappes avant un repli à 1h du matin dimanche 22 juin, vers les États-Unis. 37 heures de vol sans jamais avoir été détecté. Un appareil furtif pour les missions incroyablement longues Aucun autre appareil au monde n’est capable d’une telle endurance, souligne Xavier Tytelman : « L'avion est entouré d’énormément de secrets, on sait qu'il y a deux personnes à bord avec beaucoup d'automatismes, des appareils qui sont capables d'être pilotés finalement avec une seule personne à la fois et donc quand ils font des vols qui vont dépasser les quarante heures, ils ont des médicaments qui leur permettent de rester éveillés. Ils ont a priori des lunettes qui éclairent la rétine avec un certain angle, avec une certaine fréquence ce qui évite la sécrétion des hormones de la fatigue. Et donc à l'intérieur de l'avion, il y a quand même une petite cuisine, il y a de quoi dormir, donc c'est organisé pour faire des missions qui sont incroyablement longues. Etant donné la sensibilité de l’appareil, il n’y a qu'une poignée de bases dans le monde qui peuvent l’accueillir. Et donc il va décoller soit des États-Unis, soit de Diego Garcia, base américaine de l’océan Indien. Et à partir de ces bases, les B-2 vont être capables de toucher quasiment l'intégralité de la terre avec les ravitaillements en vol ». Les B-2 ont révélés leurs capacités en Afghanistan pour frapper les grottes, les tunnels, les repaires enterrés du réseau al-Qaïda. Mais à l’origine ils ont été conçus pour porter le fer et le feu contre l’Union soviétique. Avec 54 mètres d’envergure et dépourvus de dérive, les toujours très modernes B-2 sont le fruit de la Guerre froide, dit Xavier Tytelman « À la fin des années 80, les États-Unis avaient pour objectif d'avoir un avion furtif parce qu’ils avaient des moyens technologiques très supérieurs aux Soviétiques. Les américains avaient des composants que les soviétiques n'étaient pas capables de détecter. Ils ont donc développé le B-2 qui devait sortir juste au moment de la fin de l'URSS. Or justement, avec l'effondrement du bloc soviétique, l’US Air Force a renoncé à avoir une flotte pléthorique. Plus d'une centaine d'avions étaient commandés et ils ont réduit la commande à seulement une vingtaine d'appareils. C'est pour ça que le coût unitaire des avions est autour de trois milliards de dollars aujourd'hui avec l'inflation. Mais, cet appareil, est en train d'évoluer, il aura un successeur qui va s'appeler le B-21 Raider » Midnight Hammer, raid aérien contre les installations nucléaires iraniennes, est aussi un signalement stratégique. Un message envoyé à la Chine. « Anytime, Anywhere », avec les B-2, les États-Unis peuvent frapper partout, en passant sous les radars. À lire aussiIran: les bombardiers américains B-2 ciblés par la désinformation
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  • Sommet de l’Otan: l’ambition de réarmer l’Europe
    Jun 22 2025
    Les Alliés se réuniront à La Haye, aux Pays-Bas, les 24 et 25 juin, pour un sommet capital de l’Otan. Au cœur des discussions : l'augmentation du budget consacré à la défense à hauteur de 5% du PIB des États membres. Les Européens craignent de se retrouver face à un mur budgétaire pour assumer leur défense sans Washington. Il y a des sommets de l’Otan plus stratégiques que d’autres. À l’ère Trump, il s’agit cette fois de savoir si Moscou est toujours une menace pour l’allié américain. Car l’urgence pour les Européens est bien d’éviter que Washington ne lâche l’Ukraine. Ce qui aurait un impact considérable sur les plans de l’Otan adoptés en 2023 au sommet de Vilnius. Le président américain, Donald Trump a prévenu les membres de l’Alliance : s'ils souhaitent que les États-Unis maintiennent leur implication au sein de l'Otan, les États du Vieux Continent devront consacrer, d’ici 7 à 10 ans maximum, au moins 5 % de leur produit intérieur brut à leur défense. Il y aura suffisamment de crises durant la prochaine décennie pour rappeler aux Européens qu’ils n’ont plus le choix insiste l’amiral Pierre Vandier, commandant suprême allié pour la transformation de l'Otan : « L'enjeu, c'est d'avoir 32 pays qui se mettent d'accord pour augmenter substantiellement leur effort de défense. Un changement de trajectoire de fond par rapport à trente années où on a cru qu'on vivait dans un monde qu'on pouvait réguler par la loi, l'ordre et la discussion. On retrouve la violence et aujourd'hui il faut s'organiser pour la traiter ». Cet objectif des 5% représente néanmoins un défi de taille pour de nombreux pays européens. Cet objectif se décompose en d'une part, 3,5 % du PIB consacré aux dépenses militaires en tant que telles et d'autre part, 1,5 % du PIB dédié aux dépenses connexes à la défense, notamment liées à la cybersécurité ou à la sécurité du pays de manière générale, comme par exemple, la mise à niveau d'infrastructures routières. Les aides aux industries de défense pourront aussi être prises en compte dans ces 1,5 %, reste que le contenu de cette variable sera peu détaillé au sommet de La Haye. Cette fragmentation est en quelque sorte une façon diplomatique d’amadouer l’allié américain. Mais néanmoins la marche est haute : L’an dernier, huit des trente-deux pays membres de l'Otan consacraient encore moins de 2 % de leur PIB à la défense. La France, se situe tout juste au-dessus, avec 2,06 % de son PIB. 5% du PIB : un objectif déraisonnable juge pour sa part l’Espagne. Les choix budgétaires seront donc difficiles admet l’amiral Vandier, « L'élargissement de l'Otan s'est fait en parallèle du désinvestissement militaire parce que la perspective stratégique laissait penser qu'on aurait plus de problèmes militaires et donc aujourd'hui on se retrouve avec l'Otan qui est la plus large de son histoire, avec son outil militaire qui n’est pas à la hauteur des enjeux. D'où ce moment historique de réarmement, de prise de conscience des 32 du fait que la défense est une priorité ». Passer à l’âge adulte Une question sous-jacente se pose : si les membres de l’Alliance Atlantique acceptent de réduire leur dépendance militaire aux États-Unis, acceptent-ils aussi pour être à niveau d’avoir une dépendance mutuelle consentie entre Européens ? Ce que l’amiral Pierre Vandier n°2 de l’Otan appelle le passage à l’âge adulte, « Je pense que la pression américaine, du fait que l'administration américaine a ses propres problèmes, notamment avec la compétition dans le Pacifique, conduit à demander à ce que les Européens tiennent la maison Europe à hauteur de ce qu'ils sont. C'est leur immeuble, c'est là où ils habitent. Il faut qu'ils le défendent et qu'ils n'aient pas à sous-traiter ça à une puissance étrangère. On voit bien, si vous voulez, que cette idée de sous-traiter la sécurité du continent européen à l'Amérique est une idée qui est étrangère aux intérêts de l'Amérique aujourd'hui, parce que ils ont quelque chose d'important à faire et donc il est bon pour les Européens de se prendre en main. C'est l'âge adulte ». Reste que les États-Unis en gardant jalousement la main au sein de l’Otan sur certaines capacités critiques comme le renseignement spatial, les centre de commandement, le ciblage, les ravitailleurs en vol et la logistique ont aussi une grande une part de responsabilité dans la faiblesse militaire chronique du Vieux Continent. Ce sera un sujet brûlant lors de ce sommet de l’Otan.
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