Festival d'Avignon: «When I Saw the Sea» du chorégraphe libanais Ali Chahrour Podcast By  cover art

Festival d'Avignon: «When I Saw the Sea» du chorégraphe libanais Ali Chahrour

Festival d'Avignon: «When I Saw the Sea» du chorégraphe libanais Ali Chahrour

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Le 79ᵉ Festival d’Avignon s’est ouvert ce samedi 5 juillet. Cette édition met la langue arabe à l’honneur après l’espagnol et l’anglais les deux dernières années. Parmi les nombreux artistes des pays arabes programmés, Ali Chahrour, le chorégraphe libanais, est un habitué du festival. Il présente sa dernière création When I Saw the Sea (Quand j’ai vu la mer). Sur scène, des employées de maison éthiopiennes incarnent le dramatique destin des travailleuses à domicile d’Afrique ou d’Asie au Moyen-Orient soumises à un esclavage moderne.

De notre envoyée spéciale à Avignon,

« Kafala », signifie responsabilité en arabe. Mais c’est d’une bien triste responsabilité qu’il s’agit. Dans le système de la Kafala les jeunes femmes débarquant au Liban pour y travailler se trouvent dépossédées de leur passeport et donc à la merci de leur employeur. Ali Chahrour en pleine guerre entre Israël et le Hezbollah en octobre dernier, a rencontré quelques-unes de ces employées abandonnées par leur patron qui avaient fui les bombardements. Elles campaient en bord de mer. When I saw the sea, Quand j’ai vu la mer raconte leur histoire incarnée par trois femmes éthiopiennes : « Ces trois femmes racontent leur vie et en même temps, elles sont porteuses de milliers d’histoires de femmes qui ont subi ce système d’esclavage moderne, explique Ali Chahrour. Leurs récits se traduisent par des mots, mais aussi par la danse et la musique. Dans le travail, on est parti de l'histoire de chacune de ces femmes. Et aussi de leur façon de se mouvoir, de chanter. On a mis en avant cet héritage qui se mêle au nôtre. Car certaines vivent au Liban depuis plus de 25 ans. Donc, elles ne représentent pas l’autre, l’étranger. Elles sont un mélange de leur culture d’origine éthiopienne et de la culture libanaise. »

Et en écho à ces histoires, on écoute les chansons composées et interprétées sur scène par Lyn Adib et Abed Kobeïssy : « Les chansons sont inspirées des noms des trois femmes sur scène qui ont été parfois changés à leur arrivée au Liban en des prénoms plus familiers aux oreilles de leurs employés. Ces femmes sur scène retrouvent ainsi leur identité et leurs noms d’origine. Une façon de leur rendre l’humanité à laquelle elles ont droit. »

Ali Chahrour a créé jusque-là des pièces autobiographiques partant de sa propre famille. Il sort pour la première fois de ce chemin : « Cette pièce ne parle pas de ma famille de sang. Mais ces personnes prennent soin de nos maisons, de nos enfants. Elles ont quitté les leurs pour s’occuper de nous et ont rêvé d’un avenir meilleur. Moi-même, en tant que Libanais, j’appartiens à une population dont les 3/4 ont émigré. Je peux donc comprendre ce que c’est de quitter son pays et les siens. Ma sœur et mon frère sont en Europe et souffrent du racisme envers les Arabes. »

When I saw the sea, un chant d'humanité qui retentit au-delà des frontières libanaises.

Festival d'Avignon 2025

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