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Chronique des matières premières

Chronique des matières premières

By: RFI
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Céréales, minerais ou pétrole, les ressources naturelles sont au cœur de l’économie. Chaque jour, la chronique des matières premières décrypte les tendances de ces marchés souvent méconnus.

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  • La mode du thé matcha fait grimper les prix de 170% en un an
    Jul 6 2025

    Le thé matcha, une poudre, obtenue par broyage de feuilles séchées et reconnaissable à sa belle couleur verte, poudre qui s’utilise en boisson, ou dans les pâtisseries, a vu sa consommation et son prix grimper en flèche. L’engouement pour le thé matcha n’est pas nouveau, mais les réseaux sociaux ont fait bondir la demande.

    Hors du Japon où il est traditionnellement consommé en boisson chaude et associé à la pâte de haricots rouges en cuisine, le thé matcha s’est invité depuis une quinzaine d’années chez les pâtissiers et les restaurateurs, mais sa consommation s’est envolée réellement depuis quelques années. En France, le Palais des Thés a constaté une accélération des ventes depuis 2022, avec la seule saison dernière, + 60% de demande.

    Parmi les moteurs de cette nouvelle demande, on trouve YouTube, TikTok, ou encore Instagram, des réseaux sur lesquels on peut voir des influenceuses, ce sont surtout des femmes, prises de passion pour ce thé perçu comme un super-aliment, certaines ont même créé leur propre marque. Les nouveaux consommateurs sont des adolescents, séduits par les vertus anti-oxydantes de ce thé vert moulu, et par sa couleur intense et pimpante. La plupart des chaînes internationales de café ont compris qu’il y avait un marché et proposent aujourd’hui des laits, des smoothies ou des desserts au matcha.

    Hausse des exportations japonaises

    L’effet se traduit en chiffres : plus de la moitié des exportations japonaises de thé vert l’année dernière étaient constituées de thé matcha. Tout thé vert confondu, les exportations du Japon ont augmenté de 16% en volume, et de 25% en valeur. Certains grossistes, comme Tealife basé à Singapour, assurent, selon l'agence Reuters, être fréquemment en rupture de stock et imposent des limites d'achat. Même les acheteurs qui se fournissent directement auprès des producteurs sont régulièrement rationnés.

    La demande est telle que les producteurs sont dépassés, éberlués même, témoigne François-Xavier Delmas, fondateur du Palais des Thés et en contact avec certains d'entre eux. Pourtant, la production est en hausse. Le Japon a récolté l’année dernière 2,7 fois plus de tencha, le nom donné à la plante, qu’il y a dix ans, selon l’Association japonaise des producteurs de thé. Il faut compter 4 à 5 ans pour que de nouvelles surfaces plantées arrivent à maturité, à court terme, il n'y a donc pas vraiment de solution.

    Un marché toujours plus tendu

    La dynamique des producteurs est aussi mise à mal par le réchauffement climatique : 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée au Japon et les vagues de chaleur de l’été dernier ont fait baisser les rendements de la dernière récolte d’avril-mai.

    Dans ce contexte, il n'est pas exclu de voir les prix encore grimper. La hausse est pourtant déjà spectaculaire. Aux enchères de Kyoto du mois de mai, les prix ont augmenté de 170% : le kilo de tencha s’est vendu 8 235 yens soit environ 45 euros le kilo, c’est beaucoup plus que le précédent record de 2016.

    Cette mode pour le thé en poudre pourrait, à moyen terme, aussi renchérir également le prix d’autres thés, comme le sencha, explique François-Xavier Delmas, si jamais les fermiers japonais se mettaient à cultiver plus de matcha sur leur exploitation.

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  • La crainte de taxes américaines fait grimper les cours du cuivre
    Jul 3 2025

    C'est une des conséquences de la guerre commerciale initiée par Donald Trump : il y a de moins en moins de cuivre sur le marché, les acheteurs de cuivre peinent à s'approvisionner, mais aux États-Unis, depuis plus d'un an, les stocks ne font que grossir.

    Il y a eu un appel d'air très fort aux États-Unis, avec des transferts de gros volumes, grâce à des primes payées Outre-Atlantique incitatives. Tous ceux qui pouvaient, ont fait rentrer du cuivre sur le sol américain, par précaution, avant que le métal rouge ne soit éventuellement taxé.

    Résultat, les stocks nationaux ont augmenté pour la seizième semaine consécutive et ont plus que doublé depuis mi-février. Ils sont plus fournis que ceux de la bourse aux métaux de Shanghai et de Londres (LME) réunis, une première, selon Saxo Banque.

    Plus précisément les stocks du LME ont baissé des deux tiers en quelques mois et sont aujourd'hui à leur plus bas niveau depuis deux ans alors que les stocks chinois sont en baisse depuis février et oscillent depuis mi-mai entre 80 et 110 000 tonnes, peinant à redécoller au-delà malgré une augmentation de la prime à l'achat par les opérateurs chinois.

    Production ralentie

    L'approvisionnement est aussi perturbé par des difficultés de production dans plusieurs pays. On peut citer les inondations au mois de mai dans la grande mine de Kamoa-Kakula en République démocratique du Congo, et des barrages routiers érigés par les mineurs artisanaux au Pérou qui ont fait obstacle ces derniers jours au transport du minerai.

    Un minier canadien est aussi en difficulté au Panama. La mine de First Quantum Minerals a été fermée, il y a un an et demi, par le gouvernement, suite à des protestations de la population. Les 120 000 tonnes de cuivre semi-transformé attendent de quitter le site.

    Pression sur les prix

    À plus de 10 000 dollars la tonne, les prix ont atteint cette semaine, à Londres, leur plus haut niveau depuis trois mois. Preuve du stress qui règne sur le marché, les prix immédiats sont plus élevés que ceux pour une livraison dans trois mois, alors que c'est l'inverse dans un marché normal.

    Au vu de la demande en cuivre qui se profile, les perspectives de long terme sont celles d'un marché en tension car « le rôle du cuivre en tant que conducteur industriel le plus efficace devient de plus en plus vital, rappelle l'analyste en chef du département matières premières de Saxo Banque. La demande d'énergie liée à l'IA, le déploiement de véhicules électriques, les infrastructures de recharge, la relocalisation industrielle aux États-Unis et la demande croissante de refroidissement soulèvent des vents arrière de la demande ».

    À court terme, les prix pourraient rester élevés, tant que l'administration Trump n'aura pas clarifié sa position sur les taxes douanières, car d'ici là, la prime américaine pour le cuivre devrait rester élevée, selon Saxo Banque, ce qui confortera les flux vers les États-Unis au détriment d'autres pays alors que les besoins américains ne représentent que 8% de la demande mondiale.

    À lire aussiPar crainte de manquer de cuivre, la Chine relève sa prime à l'achat

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  • Les cours du coton dévissent sur fond de bonnes récoltes mondiales
    Jul 2 2025

    Les prix du coton sont en chute depuis un an et demi et ont atteint leur plus bas niveau depuis mai 2020. Cet effondrement des prix traduit d'abord l'abondance de coton.

    Le Brésil poursuit son ascension sur le marché du coton. Les surfaces ont atteint plus de deux millions d'hectares et devraient produire 3,9 millions de tonnes de coton fibre en 2025, soit une augmentation de 5,5% par rapport à l'année dernière, selon la Conab, l'agence agricole du pays.

    Aux États-Unis, le dernier rapport du ministère américain de l'Agriculture a revu à la hausse ses prévisions de production pour la campagne en cours à 19,9 millions de balles, soit près de 6% de plus que l'année dernière. Ce à quoi il faut ajouter des superficies en augmentation de 8% en Inde et des stocks mondiaux au plus haut depuis trois ans. Des nouvelles qui sapent tout espoir de remontée des cours à court terme, selon le site Trading Economics.

    Demande plus que tiède

    Cela fait plus de deux ans que les prix du coton sont affectés par la faiblesse de la croissance économique mondiale. Ils sont également, depuis le début de l'année 2025, pris dans la tourmente des tarifs douaniers américains. L'incertitude sur la demande aux États-Unis entraîne un ralentissement de l'activité des filatures et des usines textiles des pays, qui sont sous la menace de taxes particulièrement élevées. C'est le cas notamment du Sri Lanka et du Bangladesh. Cette incertitude affecte directement la demande en coton.

    Dans ce contexte, la Chine a également moins acheté cette année. Le ministère chinois de l'Agriculture a abaissé, en juin, ses estimations d'importation de coton de 300 000 tonnes par rapport à celles du mois de mai, soit un volume total prévu d'1,2 million de tonnes.

    Des marges qui se resserrent pour les producteurs

    Avec des prix à terme qui ont chuté de 12% au cours des 12 derniers mois à New York, et des cours en ce début de semaine à moins de 60 cents la livre, les producteurs brésiliens voient leur marge se resserrer et luttent pour rester au-dessus du seuil de rentabilité.

    La question est de savoir si ceux qui déchantent vont moins planter l'année prochaine. L'association brésilienne des producteurs de coton (ABRAPA) table pour l'instant sur des surfaces toujours supérieures à deux millions d'hectares pour la campagne 2025-2026.

    Au-delà du Brésil, ces prix affectent tous les producteurs et en particulier ceux d'Afrique de l'Ouest qui « sont dans l'incapacité structurelle » de réduire leurs coûts de production, comme le constate le négociant français Mambo Commodities dans sa note de marché du 10 juin.

    Les cotonculteurs vont devoir prendre leur mal en patience car les prix devraient, au mieux, se redresser modestement d'ici la fin de l'année, selon le cabinet de conseil Oxford Economics.

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