• États-Unis, Inde, Australie, Japon: le «Quad» cherche à parer la dominance de la Chine
    Jul 4 2025
    La domination de la Chine sur les minéraux stratégiques, essentielles pour la fabrication de voitures électriques ou de microprocesseurs, a de quoi inquiéter les Etats-Unis, le Japon, l'Inde et l'Australie. Les quatre pays, réunis dans l’alliance « Quad », se sont engagés à y remédier et garantir un approvisionnement stable, lors d’une réunion à Washington le mardi 1er juillet. Le communiqué final n’en fait aucune mention, mais comme souvent dans ce dialogue à quatre, la Chine était l’éléphant dans la pièce, lorsque le secrétaire d’État américain Marco Rubio a accueilli ses homologues, renouant avec l'Asie après un début de mandat accaparé par les guerres en Ukraine et au Moyen-Orient. Le géant asiatique, qui a le quasi-monopole pour la production des terres rares, est directement pointé du doigt par le Quad : « La dépendance à l'égard d'un seul pays, pour le traitement et le raffinage des minéraux critiques et la production de produits dérivés, expose nos industries à la coercition économique, à la manipulation des prix et aux perturbations de la chaîne d'approvisionnement », estiment les États-Unis, l’Australie, l’Inde et le Japon. Les ministres ont décidé de lancer une initiative commune visant à assurer la sécurité et la diversification des chaînes d'approvisionnement. Sans donner de détails sur comment ils comptent parer la dominance chinoise dans ce secteur stratégique, ils ont clairement indiqué que l'objectif était de réduire la dépendance à l'égard de la Chine. À lire aussiMétaux critiques: Pékin accentue la pression sur Washington Les quatre ne veulent pas rester cantonnés aux questions de sécurité Cela correspond à la volonté américaine d’élargir ce cercle de discussion à l’économie et au commerce, pour ne pas rester cantonné aux questions de sécurité, notamment dans l’Indopacifique, d’autant que des divergences de vue existent dans ce domaine. S’ils observent tous avec une certaine nervosité les agissements expansionnistes de la Chine dans l’Indopacifique, ils ne partagent pas le même point de vue quand il s’agit de la guerre en Ukraine ou du conflit entre l’Iran et Israël. La déclaration finale met d’ailleurs ces autres conflits sous le tapis, pour la simple raison que l’Inde ne souhaite pas froisser la Russie, avec laquelle elle a des relations économiques et militaires importantes et que l’Inde aussi bien que le Japon ont tous les deux des relations cordiales avec l’Iran, contrairement aux États-Unis. La politique tarifaire de Donald Trump divise les alliés D’autres frictions existent, notamment sur la politique tarifaire de Donald Trump. Les droits de douanes n’ont épargné aucun des trois pays partenaires. Un exemple : le Japon. Depuis l’échec d’un 7ᵉ round de négociations, Trump a durci le ton. « Ils ne prennent pas notre riz, alors qu’ils font face à une pénurie massive de riz », s’est énervé le président américain récemment. Il menace le Japon de frais de douanes allant jusqu’à 35 %. Quant à l’Australie, c’est plutôt l’annonce de Trump d’un réexamen de l’accord AUKUS scellé entre le Royaume-Uni, l’Australie et les États-Unis qui inquiète, car cela met en question l’achat de sous-marins américains à propulsion nucléaire par Canberra, raison pour laquelle l’Australie s’était mise à dos Paris, en rompant un important contrat. À lire aussiAustralie: le questionnement américain sur le partenariat stratégique Aukus inquiète Canberra L’Inde aussi a des raisons d’être mécontente des premiers mois du mandat Trump. Le président américain s’était vanté d’avoir joué un rôle de faiseur de paix en scellant une trêve entre New Delhi et Islamabad en mai dernier, à la suite d'une attaque terroriste au Cachemire que les deux pays se disputent. Mais l’Inde réfute l’idée que c’est grâce à Trump que les armes se sont tues. Même si la crainte de la Chine les unit, on est encore loin d’une lune de miel entre le Japon, l’Inde, l’Australie et les États-Unis et donc du Quad.
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  • Lovebugs: la Corée du Sud face à une invasion d'insectes
    Jul 3 2025

    Depuis quelques années, les « lovebugs », une espèce de mouche venue des États-Unis, se répandent dans Séoul et sa banlieue et le phénomène s'intensifie chaque année. Des millions d'insectes qui se reproduisent en ce début d'été et deviennent une véritable nuisance pour les habitants.

    Avec notre correspondant à Séoul, Célio Fioretti

    Le réchauffement climatique est responsable de la prolifération de cet insecte. En effet, les lovebugs sont originaires d'Asie du Sud, des zones au climat plutôt tropical, normalement bien différent de celui de la Corée.

    Mais le réchauffement climatique bouleverse le climat coréen qui devient de plus en plus chaud et humide, similaire à celui d'Asie du Sud. Et c'est ainsi que depuis 2022, le début d'été coréen est devenu propice à la reproduction des lovebugs.

    Pour l'instant, seul le nord-est du pays est touché, principalement la capitale, Séoul, et sa banlieue, mais l'invasion s'étend et pourrait toucher d'autres régions.

    Une espèce invasive dont les villes peinent à se débarrasser dans les quartiers résidentiels

    Cette habitante de Séoul, excédée, partage sa méthode pour les tuer : « On utilise un insecticide, un produit pour tuer les cafards. Les autres produits, ça ne les tue pas. Donc, il faut vaporiser celui-là, et quand ils se posent, on les frappe avec une tapette à mouches. Ça les écrase, ils se collent aux murs. On fait comme ça. »

    Des insectes qui ne sont pas dangereux mais envahissants

    Les habitants sont à bout de nerf face à ces insectes qui recouvrent les jardins, les terrasses et les parcs. Si les lovebugs ne transmettent pas de maladie, ne piquent pas et ne détruisent pas les plantes ou la faune environnante, ils sont simplement considérés comme nuisibles, car envahissants.

    La mairie de Séoul ne recommande pas d'utiliser les insecticides, inefficaces et dangereux à la fois pour les autres insectes et les humains. Pour les scientifiques, l'invasion de lovebugs présente un intérêt écologique même, puisque leurs larves fertilisent les sols et pollinisent les plantes. Un argument toutefois difficile à faire entendre à des habitants...

    À lire aussiCorée du Sud: le réchauffement climatique fait pousser les fruits tropicaux

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  • Amnesty International dénonce l’esclavage et la torture dans les centres d’escroquerie au Cambodge
    Jun 27 2025
    Avec la Birmanie et le Laos, le Cambodge est le centre du monde de l’escroquerie en ligne. Les victimes sont bien sûr les internautes, qui se font arnaquer, mais un nouveau rapport d’Amnesty International documente l’autre face de la médaille : sur 242 pages, l’ONG plonge dans l’enfer de ces centres d’arnaque. Torture, esclavage, travail forcé, autant de violations des droits humains qu'Amnesty a retracées. Cette enquête, la plus complète à ce jour, a permis de mettre en lumière les cas de 58 victimes. Leurs témoignages donnent un aperçu du cauchemar qu’ils ont vécu et que des dizaines de milliers d’autres vivent encore. Selon une estimation des rapporteurs spéciaux des Nations unies, plus de 100 000 personnes de différentes nationalités étaient victimes de trafic d’être humains en 2022 au Cambodge. Dix-mois d’enquête ont été nécessaires pour ce rapport d’Amnesty International intitulé « J’ai été la propriété de quelqu’un ». Être la propriété d’une bande criminelle, c’est exactement ce qui est arrivé à une jeune Thaïlandaise de 18 ans, qui cherchait sur les réseaux sociaux un travail pour ses vacances scolaires. Des recruteurs lui envoient alors de belles photos d’un hôtel avec piscine, accompagnées de la promesse d’un bon salaire pour un job administratif en Thaïlande. Une promesse qui tourne au cauchemar, car elle sera emmenée de nuit au Cambodge. Cette victime de traite des êtres humains y passera dix mois, séquestrée par des hommes armés et forcée d’escroquer des internautes dans le monde entier. « Leur patron me frappait sur la plante des pieds avec une tige métallique » Lorsqu’elle tente de s’échapper, elle est violemment battue. Voici ce que la jeune femme a déclaré aux enquêteurs d’Amnesty International : « Il y avait quatre hommes, trois d’entre eux m’ont maintenue par terre pendant que leur patron me frappait sur la plante des pieds avec une tige métallique. Ils m’ont dit que si je n’arrêtais pas de crier, ils continueraient à me frapper jusqu’à ce que j’arrête. » Cinquante des 58 victimes qu’Amnesty a pu interviewer, n’ont pas été payées pour des journées de travail de douze, voire seize heures. À l’instar de Chao, un Chinois à qui ses geôliers disent qu’il doit travailler pendant au moins deux ans ou bien payer 30 000 dollars pour retrouver la liberté. Bao, un Chinois de 37 ans, qui ose demander à rentrer chez lui, est, lui, torturé avec des décharges électriques et restera attaché à son lit durant vingt jours. Impossible de toute façon de s’échapper : les réseaux criminels qui gèrent ces camps de travail enferment leurs victimes dans d’anciens hôtels ou casinos, derrière de hauts murs surmontés de barbelés, avec des caméras de télésurveillance. « Le dépeçage du cochon » Le travail de ces « arnaqueurs en ligne » consiste à contacter des personnes sur Facebook, Instagram ou TikTok pour entamer une conversation, en promettant une histoire d’amour, un bon investissement ou encore des produits, qui ne seront jamais livrés. Le but : extirper de l’argent à leur proie. Dans le jargon de ces bandes, cela s’appelle « le dépeçage de cochon ». À lire aussiLe Cambodge sur le bout de la langue avec Jean-Baptiste Phou Qui tire les ficelles dans ces centres d’escroquerie qui brassent des milliards d’euros ? Ce sont des réseaux criminels tentaculaires, selon Amnesty, qui prolifèrent au Cambodge depuis que la Chine y a massivement investi. « Des Chinois ou des intérêts chinois se trouvent derrière la quasi-totalité de tous ces centres que nous avons identifiés, dit Montse Ferrer, directrice régionale Asie de recherche pour Amnesty International et l’une des auteures du rapport. La corruption et la collusion sont systémiques entre les dirigeants de ces centres et la police. Qu’est-ce que le Cambodge fait contre cela ou ne fait plutôt pas ? La réponse des autorités a été totalement inadaptée, prouvant un consentement face à ces violations des droits humains, ce qui nous fait dire qu’elles sont complices. » Amnesty estime que le Cambodge a tout à fait la capacité de mettre fin à cette industrie de l’escroquerie, mais que le gouvernement a choisi de fermer délibérément les yeux.
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  • Aux Philippines, l’IA s’immisce dans la crise politique
    Jun 26 2025

    La vice-présidente Philippine Sara Duterte fait face à une procédure de destitution. Elle est accusée de corruption, de détournement de fonds et d’avoir participé à un projet d'assassinat présumé de son ancien allié, l’actuel président Ferdinand Marcos Jr. Et alors que l’affaire fait rage dans le pays, deux vidéos, des micro-trottoirs, publiées sur les réseaux sociaux, ont alimenté le débat. Deux visions opposées de l’affaire Duterte s’y affrontent. Ils s’agissaient en fait de fausses interviews réalisées par l’intelligence artificielle. Explications.

    Les vidéos ont été partagées par un compte Facebook, peu de temps après le refus du Sénat de se prononcer sur la destitution de Sara Duterte, remettant en cause la constitutionnalité de la procédure. Dans une rue bondée, un journaliste y interroge des passants sur l’affaire. Dans l’une des vidéos, des écoliers en uniforme soutiennent la vice-présidente. L’un d’eux affirme que l’affaire de destitution est motivée par des considérations politiques. L’autre que les élus en faveur de la destitution devraient balayer devant leur porte avant de s’en prendre à Sara Duterte. Il assure qu’en se concentrant seulement sur la vice-présidente, la justice est sélective. Soit mot pour mot, le discours du camp Duterte. Sur l’autre vidéo, qui reflète l’opinion du camp opposé, on voit une vieille dame vendant du poisson dans la rue. Elle reproche au Sénat de ne pas avoir procédé à la destitution de la vice-présidente.

    Des vidéos virales

    Ces vidéos ont fait des millions de vues. Celle des deux écoliers a même été partagée des dizaines de milliers de fois. C’est à s’y méprendre. Les images sont propres et si l’on ne s’attarde pas sur certains détails, tout porte à croire que ce sont de véritables interviews de rue comme on en voit souvent sur TikTok. Mais plusieurs choses clochent. D'abord, le logo VEO qui apparaît en filigrane en bas à droite de la vidéo. Et VEO, c’est le générateur de vidéos alimenté par l’intelligence artificielle de Google. D’autres détails permettent de comprendre qu’il s’agit de vidéo artificielle. Les inscriptions sur les polos des deux écoliers sont incompréhensibles, tout comme les écritures sur les devantures des magasins à l'arrière-plan.

    Un retentissement national

    La vidéo des deux écoliers a été reprise jusque dans le camp Duterte. Le sénateur Ronald Bato Dela Rosa a partagé la publication à son million de followers. Son commentaire : « Les jeunes comprennent ce qui se passe actuellement ! » Confronté à la fausseté de ces images, il ne s'est pas excusé : « Si c'est de l'IA, le créateur a raison. Si ce n'est pas de l'IA, alors les enfants qui parlent ont raison », a-t-il déclaré. La vice-présidente Sara Duterte aussi a réagi. Pour elle, il n'y a aucun problème à partager une vidéo d'intelligence artificielle pour la soutenir, “tant qu'il ne s'agit pas de se faire de l'argent avec.” La secrétaire philippine du Bureau des communications présidentielles a déploré un épisode qui allait éroder la confiance avec la population, d’autant plus quand la désinformation et les fausses nouvelles proviennent des élus eux-mêmes. Le créateur des deux vidéos, un Philippin de 34 ans, a indiqué que ses personnages créés par l'IA permettent d'exprimer des opinions sans s'exposer aux critiques d’internet.

    Une tendance inquiétante en politique

    Certaines entreprises d'IA comme OpenAI se sont déjà engagées à empêcher les utilisateurs de créer des deepfakes de personnes réelles, y compris de candidats politiques. Mais il existe une zone grise, celle de la génération de personnages anonymes comme c’est le cas dans cette affaire aux Philippines. Ce n’est pas la première fois que l’intelligence artificielle est mise au service de la désinformation politique. En 2024 aux États-Unis, un opposant à Joe Biden avait fait fuiter un faux enregistrement d’appel dans lequel l’ancien président américain décourageait ses partisans de voter aux primaires américaines.

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  • Conflit frontalier Thaïlande-Cambodge : la Première ministre thaïlandaise sur un siège éjectable
    Jun 25 2025

    En Thaïlande, le gouvernement de Paetongtarn Shinawatra est mis à rude épreuve après le départ, il y a une semaine, du principal partenaire de la coalition au pouvoir. La fuite d’une conversation privée où la Première ministre s’en prend à l’armée a plongé le royaume dans une énième crise politique, sur fond de conflit frontalier avec le Cambodge qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Le parti qui a quitté la coalition au pouvoir vient d'annoncer ce matin qu'il allait déposer une motion de censure à l'encontre de la Première ministre. Éclairages

    Avec notre correspondant à Bangkok,

    Les accrochages militaires, fin mai, à la frontière entre les deux royaumes ont fragilisé Paetongtarn Shinawatra, accusée par les franges nationalistes de ne pas réagir assez fermement pour défendre le territoire thaïlandais.

    Et un scandale, la semaine passée, n’a fait qu’aggraver son cas : dans une conversation enregistrée à son insu avec Hun Sen, l’ex-Premier ministre du Cambodge toujours très influent, la jeune dirigeante de 38 ans critique la toute-puissante armée et, aux yeux de ses détracteurs, courbe un peu trop l’échine dans un contexte de différend territorial.

    D’autant que les dynasties Shinawatra, en Thaïlande, et Hun, au Cambodge, sont connues pour entretenir des relations étroites.

    Éteindre le feu

    Après avoir présenté ses excuses face caméra, la Première ministre Paetongtarn Shinawatra s’est rendue le week-end dernier près de la frontière cambodgienne où se sont déroulés les heurts, dans la province d’Ubon Ratchathani. Objectif : véhiculer une image de cohésion avec l’armée. Sur place, elle a aussi rencontré le général qu’elle avait qualifié « d’opposant » lors de l’entretien controversé qui a fuité, assurant qu’il n’y avait plus aucun problème entre eux.

    À lire aussiThaïlande: fortune et dynastie politique des Shinawatra

    Parallèlement, le gouvernement Shinawatra tente de recoller les morceaux en adoptant une position plus ferme à l’égard du Cambodge, alors que les deux pays sont à couteaux tirés et ont recommandé à leurs ressortissants d'éviter tout voyage non essentiel. L’armée thaïlandaise a drastiquement restreint les passages de l’autre côté de la frontière.

    Garde le pouvoir

    Bien que dans la tourmente, la Première ministre a fait savoir qu’elle souhaitait rester à la tête du gouvernement. Malgré les appels à la démission ou à la dissolution du Parlement des conservateurs royalistes comme des progressistes, Paetongtarn Shinawatra entend rester au pouvoir. Mais jusqu’à quand le pourra-t-elle ?

    En raison du départ de son principal partenaire de coalition après le scandale, la dirigeante ne dispose désormais que d’une courte majorité à l’Assemblée pour gouverner. Et de nombreux défis l’attendent. Samedi, une manifestation anti-gouvernementale organisée par les royalistes est prévue à Bangkok. Des sénateurs ont déjà engagé une procédure judiciaire afin de la destituer.

    Pour rappel, son prédécesseur Srettha Thavisin fut évincé l’an passé pour bien moins que cela.

    Enfin, le spectre d’un coup militaire, certes peu probable pour le moment, est néanmoins une option qu’il ne faut jamais écarter en Thaïlande, pays qui a connu plus d’une dizaine de putschs réussis depuis 1932. La jeune héritière Shinawatra ne le sait sans doute que trop bien : son père Thaksin, puis sa tante Yingluck, ont tous deux été renversés par l’armée.

    À lire aussiMort d'un soldat cambodgien à la frontière: la Thaïlande et le Cambodge conviennent d'apaiser les tensions

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    3 mins
  • Détroit d’Ormuz: accès crucial pour les importations de pétrole de la Chine
    Jun 24 2025

    Le détroit d’Ormuz est de nouveau sous haute tension. Après les frappes américaines sur des sites nucléaires en Iran, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a appelé Pékin à intervenir : selon Washington, la Chine devrait convaincre Téhéran de ne pas fermer ce couloir stratégique. Et pour cause : le détroit d’Ormuz est un point névralgique pour les approvisionnements énergétiques de la Chine. Éclairages.

    Avec notre correspondante à Pékin,

    C’est un passage clé pour les importations de pétrole dont la Chine dépend massivement. La Chine est le plus grand importateur mondial de pétrole et près de la moitié de ce pétrole vient du Moyen-Orient, de pays comme l’Arabie saoudite, l’Iran ou l’Irak.

    Or, pour rejoindre la Chine, ce pétrole doit passer par le détroit d’Ormuz : un étroit passage maritime, coincé entre l’Iran et Oman, qui relie le golfe Persique à l’océan Indien. En un mot : ce détroit est petit sur la carte, mais immense par son impact sur l’économie chinoise.

    Détroit bloqué ?

    La Chine subirait un choc énergétique majeur. D’abord, une interruption immédiate des livraisons de pétrole en provenance du Golfe. Ensuite, une hausse mondiale des prix du pétrole, qui ferait grimper les coûts pour l’industrie, les transports, l’électricité… avec un effet domino sur toute l’économie.

    Cela pourrait entraîner un ralentissement industriel, une baisse des exportations et un risque de hausse de l’inflation. Pékin devrait puiser dans ses réserves stratégiques, mais celles-ci ne permettent de tenir que quelques semaines ou mois.

    À lire aussiGuerre Israël-Iran: pourquoi bloquer le détroit d’Ormuz serait une décision très risquée pour Téhéran

    Enfin, ce scénario mettrait en lumière la vulnérabilité structurelle de la Chine, qui dépend de routes maritimes qu’elle ne contrôle pas. D’où l’intérêt pour Pékin d’accélérer ses projets de routes alternatives, notamment via le Pakistan, la Russie ou l’Asie centrale.

    Réactions internes

    D’un point de vue économique, une telle crise ferait grimper le prix du carburant, de l’électricité, des transports et pourrait peser sur le pouvoir d’achat, dans un contexte déjà fragile.

    Le gouvernement chinois réagirait sans doute très vite, avec des subventions ciblées, des prix encadrés et l’activation de ses réserves stratégiques. Mais ce genre de choc pourrait aussi alimenter une prise de conscience plus large : celle de la dépendance énergétique.

    Pékin en profiterait pour renforcer son discours d’autosuffisance : plus de renouvelables, plus de nucléaire, plus de projets « Made in China ».

    Enfin, sur le plan politique, l’État chercherait à éviter toute panique : contrôle de l’information, appel au calme, et sans doute un récit très nationaliste autour de la résilience chinoise face aux pressions extérieures.

    Répercussions géopolitiques

    Un blocus du détroit d’Ormuz forcerait la Chine à repenser sa stratégie globale. On verrait un rapprochement encore plus fort avec l’Iran et la Russie, qui fournissent du pétrole sans passer par Ormuz, et qui sont hors du giron occidental.

    La Chine chercherait aussi à renforcer sa présence navale, notamment dans l’océan Indien, pour protéger ses routes commerciales. Parallèlement, la Chine chercherait à accélérer la construction de routes commerciales alternatives, comme le corridor Chine-Pakistan, afin de contourner Ormuz.

    La Chine pourrait adopter une posture plus active sur le plan diplomatique : tenter de jouer les médiateurs au Moyen-Orient, afficher une image de puissance stabilisatrice.

    À lire aussiLa Chine diversifie son approvisionnement de brut pour s'adapter aux sanctions

    Si les États-Unis ou leurs alliés s’impliquent davantage militairement dans la région, les tensions sino-américaines risquent de se durcir, Pékin dénonçant alors la domination occidentale sur la sécurité maritime mondiale.

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  • Affaire de drogue en Malaisie: le calvaire sans fin de Tom Félix, après presque deux ans de détention
    Jun 20 2025
    Accusé de possession de drogue en Malaisie, le jeune français de 34 ans Tom Felix devait être jugé cette semaine. Mais son procès a été suspendu au quatrième jour, ce jeudi 19 juin. Sa famille est très inquiète pour sa santé. Son cas rappelle celui d’autres ressortissants français détenus en Asie, où la législation est particulièrement stricte. Sur l’une des rares photos, on voit Tom Félix au premier jour de son procès devant la Haute cour criminelle de Alor Setar (nord-ouest), flanqué de deux policiers, le regard perdu. En tongs, le crâne rasé, cet ancien jeune cadre de Véolia Malaisie semble éprouvé, après presque deux ans de détention. Il dort à même le sol et partage sa cellule infestée de moustiques avec une vingtaine d’hommes. « Les prisonniers sont enfermés dans leur cellule 23 sur 24 heures, avec très peu de communication avec l’extérieur, affirme Marie-Lina Perez, responsable Asie et Afrique auprès de l’association « Ensemble contre la peine de mort », tout est en langue malaisienne, ce qui est très dur en particulier pour les étrangers. Les rations de nourriture sont très limitées, l’hygiène aussi ». À lire aussiLes parents d'un Français détenu en Malaisie, reçus par Emmanuel Macron, «espèrent» un changement « Il n’y a aucune preuve contre Tom » Tom Félix était sur le point d’ouvrir un restaurant sur l’île de Langkawi, lorsqu’il a été arrêté le 9 août 2023. Dans la maison, où il était hébergé par son associé malaisien, la police a trouvé plusieurs centaines de grammes de cannabis dans les parties communes. Mais il a toujours nié être le propriétaire de la drogue. Ces jours d’audience « ont confirmé ce que nous disions depuis le début : il n’y a aucune preuve contre Tom », a réagi son avocat François Zimeray, ancien ambassadeur pour les droits de l’homme, dans un message transmis à l’AFP, « il est temps que cesse le calvaire de Tom et que son innocence soit enfin reconnue ». Le procès de Tom Félix ne reprendra qu’en septembre prochain. Deux nouveaux jours d’audience sont prévus le 17 septembre et le 5 octobre. Son calvaire continuera donc sans le moindre jugement. Ses parents se disent « dévastés ». Tom Félix, décrit comme un garçon sans histoire dont le casier judiciaire était vierge, attendra la reprise de son procès en prison. Ensuite, il faudra compter encore au moins trois mois pour que la cour prononce son verdict. En Malaisie, comme à Singapour, en Indonésie ou en Chine, la possession et le trafic de drogue sont passibles de la peine de mort, si les quantités dépassent un certain seuil. « Jusqu’en 2023, la peine de mort était obligatoire dans les affaires liées à la drogue, explique Marie-Lina Perez, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Donc, le juge a retrouvé son pouvoir discrétionnaire en la matière, et nous espérons qu’il en fera bon usage. Si Tom Félix est toutefois reconnu coupable, il pourra être condamné à entre 30 et 40 ans de réclusion et au maximum à 24 coups de canne, ce qui est déjà énorme ». Ce qui n’est pas rassurant, même si on sait qu’aucune exécution n’a eu lieu en Malaisie depuis 2018. À lire aussiTrafic de drogue: la sévérité extrême mais inefficace de l'Asie du Sud-Est Plusieurs ressortissants français dans des prisons en Asie Le cas de Tom Felix n’est pas sans rappeler d’autres affaires liées aux stupéfiants en Asie. Un cas qui a fait beaucoup de bruit est celui de Serge Atlaoui, condamné à la peine capitale en 2007 en Indonésie, après avoir été arrêté dans une usine clandestine de fabrication d’ecstasy. Grâce à de multiples interventions de la France, ce sexagénaire originaire de Metz, père de quatre enfants, a finalement pu être transféré dans une prison française en février dernier. En revanche, au moins un autre Français purge encore sa peine en Indonésie. Félix Dorfin, originaire de Béthune, avait été arrêté en septembre 2018 à l’aéroport de Lombok, une île touristique proche de Bali, avec plusieurs kilos d’héroïne, d’ecstasy et d’amphétamines cachés dans une valise à double fond. Selon son avocat, Félix Dorfin ignorait transporter de la drogue. Agé de 35 ans à l’époque, il avait été condamné à mort, mais la Haute cour de Lombok a ramené à 19 ans de réclusion en 2019. À lire aussiCondamné à mort en Indonésie, Serge Atlaoui de retour en France et incarcéré « L’application de la peine de mort est teintée d’opacité » Difficile de suivre et de défendre ces ressortissants français pour l’association « Ensemble contre la peine de mort », comme le regrette Marie-Lina Perez : « De façon générale, l’application de la peine de mort est teintée d’opacité. Il est très difficile d’obtenir des données transparentes, en particulier en Asie, où pour certains états cela relève du secret d’...
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